"Bon sang mais tenez-le, ne le lâchez pas !!!"
Un homme hurlait des ordres tandis que trois palefreniers tentaient de contenir les fougues de l'étalon bai qui ne comprenait strictement rien à ce qu'on lui voulait. Pris de panique par tous ses hurlements, il tirait sur sa longe comme un fou et se cabrait à moitié, les yeux agrandis par la peur, les naseaux dilatés. Lui qui d'habitude ne prenait pas peur pour si peu, était totalement effrayé. Voilà une semaine qu'il avait été transféré au Haras du Clos et il semblait ne pas encore avoir évacué le stress du voyage qui avait été assez périlleux. De plus il avait été enfermé dans son box pendant une semaine avec comme prétexte "voir comment il s'acclimatait à son nouvel environnement". En attendant c'était sa première sortie et elle était assez chaotique. Les quatre hommes avaient pour mission de l'emmener jusqu'au manège pour qu'il se défoule mais il apparaissait clairement qu'ils étaient en difficulté et qu'ils auraient bien du mal à le contenir jusque là-bas. Alastor, car oui c'est son nom, n'étant pas le cheval le mieux élevé du monde distribuait des coups de dents dans le vide, ses mâchoires claquant avec fureur sans pour autant toucher sa cible. Enfin il réussit à attendre un des hommes et celui-ci hurla de douleur avant de le lâcher. Bien, ils n'étaient plus que deux. La peur et la colère se mêlaient dans le regard de l'étalon ce qui en faisait une véritable machine de guerre, prête à exterminer tout ce qui se trouvait sur son passage. Bon d'accord, peut-être pas, l'image est un peu exagérée mais dans les grosses lignes, c'était ça.
"Bande d'incapables !!! Vous n'êtes même pas fichu de le tenir !"
Alors l'homme qui depuis le début se contentait de donner des ordres et d'observer les autres les exécuter, s'avança et, après plusieurs minutes à se débattre avec l'étalon furieux, parvint enfin à le conduire jusqu'au manège sans faire trop de blessé. Bizarrement Alastor s'était un peu calmé, ce qui étonna l'homme et le mit sur ses gardes. Il amena l'animal jusqu'au milieu du manège, lui fit faire un demi-tour puis, prudent, détacha rapidement la longe avant de vite se précipiter vers la sortie. A son grand étonnement, l'étalon ne bougea pas d'une oreille. Il resta comme ça une bonne minute, le regard fixé sur un point que lui seul semblait voir... puis d'un seul coup, il "explosa" tel une bombe à retardement. Avec un hennissement de fureur il partit au galop, donnant des coups de cul à tout va, touchant parfois le parre-botte dans un grand bruit.
"Et bien, je plains son futur cavalier..."
Comme en écho à ses paroles, Alastor poussa un nouveau hennissement. Un hennissement qui, si il avait pu parler, en aurait dis long sur ce qu'il pensait à l'heure actuelle.