Twenty five years of nothing and everything + Alec

Kayla était resté sage durant toute la durée du pansage. Donnant les pieds automatiquement, fermant à demi les yeux durant les périodes de massage. Elle n'était pas méchante au box et bien souvent, elle n'était pas non plus très difficile sous la selle. Elle restait même très sereine en balade et craignait peu de chose. Mais les jours où elle n'avait pas envie, elle n'avait pas envie et la demoiselle le montrait bien. Son ancien proprio avait même jeté l'éponge une fois, après s'être retrouvé par terre une bonne dizaine de fois en une demi heure. Pourtant, Charles était bon cavalier. La jument frémit à la pensée de son Charles adoré et tourna la tête vers Aubry pour trouver un peu de réconfort. De nouveau, elle acquiesça la tête au mot "exercice", oreilles bien droite, tête haute et queue en panache. Bien sûr qu'elle avait envie de sortir, elle en mourait d'envie ! Et même si elle ne l'aimait pas, un passage chez le vétérinaire, maréchal et autre ne lui ferait pas grand mal ! Elle se laissa docilement faire, attendant patiemment que le jeune femme lui passe un licol ou autre chose...

Kayla. Petite anglo baie au regard malin et au poil brillant. Sans tâche, si ce n’est cette petite pelote blanche sur son front et cette cicatrice grise à son genou droit. Elle avait débarqué au Haras quelques mois avant, passant de main en main. Tout d’abord, Serge, le directeur du Haras, qu’elle affectionnait particulièrement. Puis Clémentine, une jeune fille qu’elle n’avait guère vu. Et Aubry, qu’elle affectionnait beaucoup aussi mais qui ne venait plus la voir… Et le bruit courait qu’une nouvelle cavalière allait s’occuper d’elle à présent. Pourquoi pas ? La jument était assez flexible et ne se souciait plus vraiment de qui allait se présenter à sa porte. Elle se lassait un peu peut être.

En ce matin brumeux et froid, notre petite jument mâchonnait tranquillement quelques brins de foin. Elle venait de terminer sa ration et un palefrenier lui avait déposé une petite balle, à même sa litière en copeaux. Le nez dans le foin en n’en mangeant qu’une petite bouchée, elle écoutait les bruit de l’écurie. Etant au centre de celle-ci, elle avait une assez bonne vue d’ensemble et ne s’en plaignait guère. Ses voisins étaient sympathique, les box clairs, grands, que demander de plus ? Elle portait une fine couverture polaire noire. Ses crins avaient été coupé. Sa queue fluide était maintenant droite et ses crins égalisés. Elle avait aussi eu droit à un tour chez le maréchal entre temps et avait des fers tout neufs. Ne manquait plus que le vétérinaire, mais ses vaccins étaient à jour. Le seul hic peut être, c’est qu’elle n’avait pas fait de vrai entrainement depuis un moment, et elle perdait un peu d’endurance et d’envie aussi. Elle n’espérait plus retrouver les pistes désormais. Mais n’était ce pas le destin de tout cheval de concours blessé en pleine ascension ? Peut être bien. Enfin, c’est ce qu’elle croyait. Perdue dans ses pensées, elle fut bien étonnée d’entendre son nom. A vrai dire, elle n’avait pas entendue la jeune femme arrivée et releva vivement la tête, surprise, mais curieuse tout de même de voir qui se présentait à sa porte. Elle fit un pas en arrière et avala sa bouchée, invitant la blondinette à s’approcher. Oreilles en avant, yeux brillants, on aurait dit un jeune cheval…

Kayla n’était pas méchante, ni agressive. Au contraire, elle était souvent câline. Elle attrapa la pastille de menthe du bout des lèvres et hennit tout doucement, pour remercier la jeune femme. Elle parlait mais la baie ne comprenait guère. Elle acquiesça doucement, comme on le lui avait apprit et comme elle faisait souvent, plus par jeu qu’autre chose. Car Kayla était une grande joueuse. Une grande curieuse aussi et cavalier ou pas, elle satisfaisait généralement sa curiosité. Gare à celui qui oubli quelque chose au manège, si elle n’en a pas peur, elle ira voir ce que c’est, et vous ne pourrez rien pour l’en empêcher, humble cavalier. Mais la jeune Jade s’en rendrait compte bien vite.

La baie se laissa caresser, mâchonnant la pastille avec passion. Elle n’avait jamais eu de cela mais aimait bien le goût. Un bon point pour la blondinette. Elle se laissa caresser sans rien dire, elle était gourmande de caresse et massage en tout genre, alors ce n’est pas elle qui allait reculer devant une main affectueuse. Elle regarda le licol avec curiosité et se le laissa passer. Elle allait sortir et cela la ravissait. *Où on va ? Dis ! Où on va ? Qu’est ce qu’on va faire ? On va sauter ? Dis !!!*. Des questions silencieuses, mais la jument pouvait être très expressive quand elle le voulait. Elle hennit doucement, poussant Jade du nez, avançant d’un petit pas, prenant soin de ne pas lui marcher sur les pieds. Elle avait remarquée que les bipèdes étaient très sensible à cet endroit là et que souvent il criait et boitait quand on leu marchait dessus. Pourtant, ils avaient des bottes et la jument ne comprenait guère pourquoi ils avaient quand même si mal. Enfin, il lui arrivait bien souvent de ne pas comprendre la réaction des bipèdes.

Elle suivit la jeune femme sans broncher et se laissa attacher, reculant de suite. La longe était attachée. Elle détestait cela. Elle ne tirait pas au renard mais avait été habitué à ne jamais être attaché. Cela était pour elle une marque de confiance très grande de la part de son cavalier. Vexée que Jade ne lui porte pas une telle confiance, elle baissa les oreilles et arqua l’encolure, tapant du pied. Elle entreprit de défaire la longe, mais sans succès aucun. Encore plus frustrée, elle gronda, oreilles basses mais sans pour autant montrer d’agressivité envers la jeune femme. Elle était plutôt en colère après la longe, qui refusait de se défaire…

La baie secoua la tête de contentement. Elle regarda Jade, les oreilles en avant, toute heureuse. Elle acquiesça encore après les paroles de la jeune femme, bien contente de cette confiance. Maintenant que la longe pendait à son anneau, elle put jouer avec, la mordant puis la laissant retomber le long du mur. Un passe temps qu’elle aimait bien durant les séances de pansage à la fois ennuyeuses mais si agréables. Elle bougeait la tête dans tout les sens, regardant partout autour d’elle, mais pas un de ses quatre sabots n’avaient quitté le sol. On le lui avait apprit, elle appliquait, sagement. Mais Kayla n’était pas une jument désagréable au box et à l’attache. Sous la selle, elle pouvait être plus têtue, mais elle avait des allures aériennes et stables, agréables en somme qui donnait souvent l’impression de voler tant elle était régulière et douce dans ses foulées. Même son trot arrivait à être agréable. Elle était aussi confortable à cru. Enfin, c’est ce qu’on disait d’elle. La baie n’en savait rien et s’en fichait un peu.

Elle regardait au dehors lorsque Jade lui enleva la couverture et ne s’en rendit pas compte, obnubilée par un cheval qui passait par là, accompagner d’un bipède et de son chien. Elle n’avait pas peur de ses animaux à poils plus ou moins long et appréciait même certaine fois leur compagnie, mais elle n’en raffolait pas non plus, se souvenant de quelques coups de sabots distribués après quelques morsures. Elle se laissa brosse, savourant ce moment qu’elle aimait beaucoup. Le contact de la brosse lui était très agréable, comme à tous les équidés et elle aimait ces moments, qui pouvaient aussi être la source d’une complicité naissante. Elle tourna la tête vers Jade, oreilles pointées, juste pour voir la jeune femme et reprit son jeu avec la longe, calme. Arriva le moment de démêlé les crins. Comme auparavant, elle se laissa faire, mais fouilla de la queue, juste pour embêter sa cavalière. Il fallait bien qu’elle s’occupe un peu, la baie, devant son anneau. D’ailleurs, ce mur blanc la lassait un peu. Une fois que Jade eut terminé de démêlé ses crins, elle profita que la jeune femme attrape le cure pied pour se décaler et faire face à la porte grande ouverte. Voilà une bien meilleure position. Satisfaite, elle regarda Jade avec malice et se tourna vers le dehors, oreilles en avant. Une sacré coquine cette anglo !

Lorsque Jade lui demanda le pied, elle le donna sans hésitations et sans résistances. Elle savait qu’elle se sentirait plus légère ensuite. Et ce n’était pas peu dire. Malgré que les fers soient neufs, les pieds étaient bien sales. De quoi occupé Jade un moment ! Pour les quatre sabots, la baie resta calme, plus concentrée sur ce qui se passait dehors que sur Jade et son cure-pied. Au moins, elle ne l’embêterait pas, à sa nouvelle bipède !

Elle sentit Jade se relever et elle tourna la tête vers elle. *C’est finit ?*. Elle n’avait pas vu le temps passer. Elle se laissa caresser, oreilles toujours en avant, regardant Jade avec des yeux brillants, pressée de connaitre la suite…