course matinale ft Tito

23 avril, 7h30 ;

Premier rayon de soleil passant maladroitement à travers les rideaux. Douce caresse sur son visage pâle. Visant ses paupières closes, réveillant la Brune endormie. De nature matinale, enchanté d’être tiré de ses rêves par la plus belle des étoiles. Pas une minute de plus sous sa couette, pas de loup pour ne pas réveiller les marmottes endormis, prise de sa tenu de sport enfilé en deux minutes. Rien de mieux qu’une course à la fraicheur du matin pour partir sur une bonne journée. Rien de mieux que ce parc pour profiter pleinement. Ecouteurs en place, bouton play activé, quelques étirements plus tard ses cheveux relevés en une queue de cheval haute qui danse dans un mouvement naturel, suivant le mouvement de son corps léger et de la brise du matin. Quelques nuages, quelques rayons de chaleur. Une fraicheur la faisant frissonner sur le départ pour l’apaiser de l’augmentation de la température corporelle plus tard. Pour vu qu’elle ne rencontre pas un ours. Pourvu qu’elle ne se perde pas. L’orientation est maitre mot de la Brune. Sans crainte, les pieds martelant avec grâce le sol. Rythme moyen, le regard vers l’horizon, la sueur et les rougeurs commençant à se dessiner sur son visage. Le bonheur.

nuit trop courte, éprouvante. les perles de sueur sur le front, les muscles tendus. t'ouvres les yeux avant l'aube, tu quittes le bus sans un bruit. à peine quelques jours qui t'ont semblé l'éternité. dans la pénombre, tu t'éloignes du bus pour rendre tes tripes au pied d'un arbre gigantesque. le corps tremblant, tu t'y adosses un court instant avant de te laisser glisser le long de son écorce. assis, genoux repliés contre ta poitrine, tu fermes les yeux, cherchant le calme dans le silence environnant. quelques secondes à peine pour t'endormir, quelques secondes à peine pour te réveiller. premières lueurs, combien de temps t'es resté là ? tu passes une main sur ton front brûlant. fièvre ou manque ? t'en sais rien, tu préfères l'ignorer. tu te redresses, sur tes jambes encore tremblantes. tu t'es éloigné du bus cette nuit, bien plus que tu ne le supposais. tu ne sais pas où il se trouve, tu ne reconnais rien. ton coeur se serre, la vie qui te met à l'épreuve, encore. tu suffoques, légèrement, marcel blanc sur le dos, légère bise, tu as froid. tu croises les bras, courbes l'échine et te mets en route. à pas légers, nus, tu foules le sol, évitant les obstacles quand un bruit attire ton attention. une forme qui bouge, pas loin, tu tends les muscles. et puis, elle apparaît dans ton champs de vision, une femme. ton bus, tu crois bien l'avoir déjà vue avant. fin sourire qui s'étire sur tes lèvres tandis que tu tentes d'arranger ton état. tu lèves gentiment la main - bonjour. tu lances, timidement. écouteurs vissés sur ses oreilles, pas certain qu'elle t'entende ni te reconnaisse.

Elle lui fait du bien cette course. Parce qu’il est encore tôt et que le reste de la journée lui appartient. Parce qu’elle n’a encore croisé personne. Parce que la nature commence à peine à se réveiller. Elle se vide la tête, à l’écoute d’une nouvelle chanson calme sur laquelle elle a casé son rythme. Pas de course. Pas d’adversaire. Pas de plus rapide. Juste cette sensation de se faire du bien. Alors elle court. Va hors sentier, s’enfonce dans les bois. Saute quelques grosses racines, évite quelques buissons trop imposants. Toujours en se vidant la tête, ne se demandant ni l’heure ni en se pressant. Puis elle ne serait le dire, mais elle sent quelque chose. Destin, surement. Elle se force à observer, sans s’arrêter. N’entendant quasiment plus sa musique pour se concentrer. Remarque cet homme non loin, non inconnu, qui lui fait signe amicalement avec un bonjour qu’elle arrive à lire sur ses lèvres. Un nouveau du bus qu’elle n’avait pas encore vraiment rencontré. Rythme ralentit, marchant dans sa direction, reprise de son souffle. Ecouteurs tombés de ses oreilles, un « Bonjour » lancer entre deux respirations rapides. Il avait l’air seul, comme s’il avait vagabondé depuis la nuit. Etrange. Peu importe. « Désolé, j’suis un peu essoufflé » excuse qui n’en n’était pas la peine. Il se doute. Il doit comprendre. « Tito non ? » il lui semble l’avoir entendu à son arrivé. Originale, elle l’avait retenu de sa mémoire courte.

t'es pas à l'aise à l'idée qu'elle remarque ton manège, tito. qu'elle comprenne que tu viens de passer le reste de ta nuit contre un arbre à somnoler et à vomir tes tripes. t'espères qu'elle ne remarquera rien, c'est vrai, mais au fond, t'es pas assez con pour croire que la couleur laiteuse de ton visage et tes pieds nus ne lui paraîtront pas.. mal venus. elle s'arrête, enlève ses écouteurs. son sourire agrandit légèrement le tien. bonjour. désolé, j’suis un peu essoufflée. qu'elle te répond, tu lèves une main en l'air, balayant légèrement l'air autour de vous dans un signe purement réconfortant. jogging, c'est ça ? t'en déduis à sa tenue, sans aucun doute mais également au rythme de sa respiration plus soutenu et rapide que d'ordinaire. tu l'avais déjà vu dans ton bus, une ou deux fois, sans forcément en retenir le prénom. t'es discret, tito. dans ton coin, t'es bien. t'aimes pas trop parler de toi, mais t'aimes bien écouter les autres. tito, non ? tu ouvres légèrement les yeux, surpris qu'elle puisse avoir retenu ton prénom quand toi, t'es pas fichu de te rappeler du sien. tu passes une main derrière ton crâne, mal à l'aise. oui.. oui c'est ça. et toi ? tu voudrais bien t'excuser, mais ton ventre te serre et t'es pas certain d'avoir besoin de le faire. t'as rejoint l'aventure trop récemment pour te vanter de connaître tout le monde. et puis, t'étais pas parti dans un esprit de colonie, tito, mais plutôt de retraite.

Son teint est presque pâle, ses pieds sont nus et c’est après quelques minutes seulement qu’elle s’en aperçoit. Interrogation, mais pas assez curieuse la Brune pour poser quelconques questions. Toujours elle a été comme ça elle. Peu soucieuse des autres, je-je-m’en-foutiste, tout en restant adorable et sociable. Alors que ses pieds tachés de noir soient nu ne lui feront que sourire un peu plus. « Oui, je trouve que l’endroit est idéal » réponse à la question dont il devait déjà avoir la réponse. Mais c’est ça, faire la discussion. Demander, montrer qu’on s’intéresse à l’autre, être polie. Elle sait faire. Il ne connaît pas son prénom, pas vexé, elle l’articule avec son accent français qui fait tout son charme quand elle parle « Brune, enchanté. » Comment lui en vouloir, il est une nouvelle tête dans un bus pas encore tout à fait complet. Appuyant sur le bouton pause de son walkman, rangeant ses écouteurs dans l’unique poche de son leggings de sport, elle ressert sa queue de cheval qui est en vrac. « Ballade au plus proche de la nature matinale ? » Evidement qu’elle parle de ses pieds nus, qu’elle indique d’un léger mouvement du menton, rien de mieux pour faire qu’un avec la forêt. Du moins c’est ce que les plus naturistes disent. Evidement qu’elle ne s’imagine pas le jeune homme assez fou, quoique, et qu’elle est convaincue d’une autre excuse, mais c’est surtout une touche d’humour dans une première rencontre avec lui.

t'essaies de te détendre, mais c'est pas simple. t'as perdu l'habitude des contacts humains depuis que votre groupe a commencé à être célèbre.. ça a trop vite dégénéré, faut l'admettre. t'as été emporté dans un tourbillon que tu ne contrôlais absolument pas et si aujourd'hui, t'es aussi pâle, c'est sans doute parce que t'as vécu trop vite et trop de choses pour que ton corps ne parvienne à suivre la cadence. ce qu'il s'est passé cette nuit, c'est le résultat de toutes ces années perdues à te croire heureux quand, en réalité, t'étais loin de l'être. voir une personne normale qui ne hurle pas parce qu'elle vous reconnait, ça te surprend encore un peu mais ça te fait étrangement de bien. oui, je trouve que l’endroit est idéal. t'acquiesces d'un mouvement de tête. t'y es venu aussi, pour t'y reposer, tito. pas foncièrement pour les mêmes raisons mais dans le fond, l'isolement reste le même et le fait est que cette forêt est très réconfortante. elle éteint sa musique, sans te quitter des yeux, tu fais de même, toujours un peu mal à l'aise. les bras croisés sur ta poitrine, la peau légèrement tendu par la bise. brune, enchanté. tu souris, t'es content qu'elle ne s'offusque pas. t'avais pas retenu et tu comptais pas prétendre le contraire. ballade au plus proche de la nature matinale ? et tu vois son regard qui dévie sur tes pieds. tu sens ton ventre qui se tord, tu relèves les yeux vers elle, tu souris maladroitement. exactement.. j'avais.. j'avais besoin de prendre l'air. tu ris, comme tu peux. on étouffe dans ces couchettes. tu prétends, même si c'est tout le contraire. tu t'attendais à te sentir coincé dans un bus avec une trentaine d'autres personnes mais ce n'était pas du tout le cas, bien au contraire.

Nouvelle brise caressant son visage. La température de son corps commence doucement à descendre et son souffle reprend un rythme quasiment dans la norme. Elle ne serait dire si cette pause est bénéfique ou non. Si elle repartira par la suite ou si elle prendrai la direction du bus. Cela allait surement varier salon la tournure que prend cette première rencontre. N’imaginant plus rien, acceptant le moment présent. Ta remarque le fait maladroitement sourire et un peu hésiter sur sa réponse. C’est ce qu’elle ressent du moins. Elle pouvait comprendre qu’il pouvait se sentir un peu à l’étroit. Vivre dans des bus n’était forcement évidemment au départ. Toute fois le but est de sortir, de vivre à l’extérieur. Du moins c’est ce qu’elle comptait faire tout au long du voyage. « Vivre dans un bus est un peu… spécial au départ. » il faut assurément une adaptation. Elle avait eut besoins de ça. Un petit temps pour s’habituer à ce mode de vie, mais aussi aux autres. Unique est chacun, alors peut être que lui c’est adapter plus vite. Nouveau sourire sur les lèvres, regard autour d’elle. Devinant plus ou moins le chemin du retour « Tu rentrais aux bus ? » ou peut être pas. Mais peut être que leur rencontre pouvait continuer sur un bout du chemin de retour.