Laissez passez ! Arrivée de Sidney [Lb]

<< Il ne faut jamais dire que l'on est intègre. Parce qu'on ne l'est jamais tout à fait. - Bernard Clavel>>

▬ Where do you come from ?

En voilà une bonne question. Safin était devant le douanier français, à Paris, tentant désespérément de faire comprendre à ce dernier que oui, il parlait français, et que oui, il était bien là pour travailler. Mais le bonhomme brun derrière sa petite vitre n'avait pas l'air de vouloir le comprendre et s'évertuait à lui parler dans un anglais au plus que mauvais accent. Ce qui avait pour principal effet d'exaspérer le jeune maréchal. Pourtant, ce n'était pas si compliqué que ça ! En plus, tout ses papiers étaient en règle, rien de suspect, si ce n'est sa figure. Il soupira une énième fois et répondit, avec un français irréprochable, avec seulement une pointe d'accent irlandais.

▬ Je vous ai dit Monsieur, que je venais de Dublin.

L'homme essayait de garder son calme coute que coute, bien qu'il commence à perdre patiente. Voilà déjà quelques heures qu'il était debout...

Le réveil avait sonné à six heure pétante et rien n'avait pu arrêter le temps, pour son plus grand désespoir. Il avait été contraint de se lever et de filer prendre une douche avant que la salle de bain ne soit subtilisée par sa chère et tendre sœur. Si jamais vous loupiez le coche, il fallait patienter une bonne heure devant la porte blanche de la salle de bain, puis se contenter de l'eau froide qui restait dans le ballon d'eau chaude. Un régal pour toute personne en retard. Mais heureusement pour lui, il avait devancé la toute nouvelle trentenaire. Il partageait une des dépendances du vaste domaine de ses parents avec sa sœur depuis presque cinq ans maintenant. Son aînée profitait du mieux qu'elle pouvait de la situation, changeant de copain comme de petite culotte et laissant à son frère cadet le soin de s'occuper de l'entretien du bâtiment. Elle s'occuper de la comptabilité de l'élevage et n'avait "pas que cela à faire". Comme si lui n'avait que cela à faire... Il avait chaque jour une vingtaine de chevaux à voir dans toute la commune et celles alentour, mais cela, sa sœur n'avait pas l'air de le comprendre... Enfin, il avait réussit l'exploit de passer avant elle dans la salle de bain et c'est tout ce qui lui importait pour l'instant. Il sortit presque une demi heure plus tard et se rendit sagement dans sa chambre. La, il dénicha un jean marine et une chemise blanche qu'il enfila, par dessus un caleçon et une paire de chaussette. Il rangea sa trousse de toilette dans son gros sac et prit son portable. Il en avait presque terminé. Il regarda autour de lui, débarrassa son lit de ses draps et prit son sac. Maintenant il avait terminé. C'est avec un sourire qu'il laissa son jeu de clé sur la table de la cuisine, entendant sa sœur fredonner sous sa douche. Il sortit, une veste sur l'épaule, son sac dans l'autre main. La porte claque avec un bruit sec derrière lui. Une vieille Cadillac l'attendait dehors, moteur en marche, phares allumés. C'est qu'il faisait encore nuit à six heure quarante cinq dans la campagne irlandaise. Son père derrière le volant, sa mère au loin assise sur la terrasse. Le maréchal grimpa côté passager, jetant son sac à l'arrière et le véhicule démarra. Ils devaient traversés toute la propriété avant de pouvoir sortir. Un long chemin...

Quelques quatre heures plus tard, il était devant les douanes françaises, et ce, pour encore peu de temps il l'espérait. Heureusement pour lui, le douanier récalcitrant qu'il avait en face de lui fut appelé ailleurs, et il pu filer en vitesse. Son gros sac de toile noire était le dernier à être encore sur la tapis roulant de son vol. Encore un passage et il aurait été bon pour la cloche. Cela fait un peu tâche dans l'aéroport de Roissy... Le jeune homme fini par avoir ce qu'il désirait et après avoir un peu tourné dans tout les sens, il trouva un bus qui le conduirait au Haras du Clos. Enfin, pas directement, il avait de nombreuses correspondance, mais au moins, il finirait au Haras. Et c'est partit ! Quelques heures de bus encore, mais pas grand chose comparé à ce qu'il avait vécu le matin même. Enfin, le bus le déposa au début d'une très longue allée. Un bon kilomètre à vue d'oeil. Mais le trajet fut plutôt plaisant. Curieux, les résidents des prés entourant le chemin firent le chemin avec lui, dans la mesure de leurs possibilités, se passant le mot d'un pré à l'autre. Cela en était même amusant pour le maréchal. Il allait se plaire ici, il le sentait...

Un taxi le doubla alors qu'il entrait dans la grande cours intérieure du Haras. Vaste cours gravillonner, entourer de grands bâtiments tous aussi majestueux les uns que les autres. Il fallait bien avoué que le cadre était assez exceptionnel... Le client du taxi regardait lui aussi les alentours lorsque Safin arriva à sa hauteur. Entre nouveau, ils avaient certainement de quoi s'entre-aider. Prenant le pas sur sa timidité, le brun se dirigea vers l'autre brun, et tendit une main, tentant d'être le plus chaleureux possible malgré l'appréhension qui teintait son accent irlandais...

▬ Bonjour ! Je suis Safin... Et toi ?

Niveau accueil, on pouvait faire mieux, mais pour le maréchal, c'était déjà un bon pas. Il posa son sac, attendant sagement la réponse de son premier contact en ces nouveaux lieux...

Oui on continue ici =) Et c'est rien va, je suis un peu HS aussi malgré l'heure... x)

▬ Sidney.

Simple et efficace. Pas de surplus. Un bon point. Le jeune homme qui était cependant en face de Safin n'avait pas vraiment l'air accueillant. Un peu froid et rebelle, déterminé, un poil arrogant aussi peut être. Pas forcément le genre de personne vers qui le maréchal aurait été sans se poser de question. Pas forcément quelqu'un qui inspirait beaucoup de confiance. Mais en cette journée de Novembre, ni l'un ni l'autre n'avait vraiment le choix et ils devaient se satisfaire de ce qu'ils avaient l'un en face de l'autre. Ainsi, il fallait poursuivre, avec le plus de bonne volonté possible. Ils allaient certainement se recroiser dans l'enceinte du Haras, Sidney serait sans aucun doute l'un de ses clients, alors autant partir sur de bonnes bases. C'était en tout cas la façon de voir d'Helder et il en était bien content. Ou du moins satisfait.

L'accent de son interlocuteur n'était pas inconnu à Safin. Proche du sien tout en étant bien lointain. Un accent venant de l'île voisine, et plus précisément de Londres... Le Royaume-Uni... Le maréchal ne faisait pas parti de ce groupe de la population irlandaise qui se bat encore pour récupérer l'Irlande du nord et qui considère le Royaume-Uni et l'ensemble de ses habitants comme des ennemis potentiel, ou des voleurs de terres. Non; l'homme était plutôt du genre pacifiste, évitant les conflits quand il pouvait ou plongeant dedans tête baisser quand il ne pouvait pas. Tout comme dans la vie, il ne faisait pas les choses à moitié... En attendant, Safin ne voyait donc pas en Sidney et son accent une menace ou un ennemi, bien au contraire. Tombé sur quelqu'un qui parlait la même langue que lui était plutôt rassurant. Parce que même s'il avait un bon français, il avait encore quelques difficultés, et trouvé quelqu'un sur qui compter dans ce genre de situation était plutôt important. Capital même. Rassuré donc, le jeune homme n'entendit pas de suite la question du brun, heureusement, celui ci précisa sa demande...

▬ Tu viens d'où ? Ne me répond pas d'Irlande, ça s'entend. De quelle région, en Irlande ?
▬ Du sud, la campagne de Dublin, près des côtes. Et toi ? Londres non ?

Autant poursuivre la conversation dans le bon sens, même si Sid' n'était pas très engageant. Bon c'est vrai, c'était des questions basiques, mais il fallait bien commencer quelque part ! Et pour faire connaissance il fallait passer par le basique, c'était bien connu. Tant que l'on ne tombait pas trop dans le cliché tout allait bien. Safin, tout comme son interlocuteur, regardait autour de lui les grands bâtiments et tout ce qui pouvait donner de la vie au Haras. De l'autre côté, les écuries, quelques début d'installations étaient visibles, des chemins allant dans tout les sens et des prés, à perte de vue. Ceux là même que le maréchal avait longé en arrivant. Il sourit en tournant de nouveau la tête vers Sidney, qui fit de même. Synchro.

▬ Bon, on va pas les attendre soixante ans à se geler dehors. On rentre.
▬ Avec plaisir ! J'ai hâte d'aller voir ce qu'il y a d'autre que cette grande cours.

Le ton était donné. Safin imita Sid' et suivit tranquillement, sac en main. Ils entrèrent dans un petit bureau, l'accueil. Il y avait une unique personne ici, une jeune femme assise derrière un bureau, à s'ennuyer comme un rat mort. Quoi que, elle devait quand même recevoir quelques appels par jour... Cette fois, ce fut Safin qui prit les choses en mains. Il s'approcha du bureau d'un pas ferme et laissa tomber son sac avant de poser les deux mains sur le comptoir du standard. Avec un grand sourire et en plantant ses yeux dans ceux de la madame, il prit la parole:

▬ Bonjour ! Nous venons d'arriver et on aimerais bien savoir ce qui se passe maintenant... Sidney...

Sidney comment ? Il n'en savait rien. Il se tourna vers le jeune homme, le regard interrogateur, attendant sagement qu'il complète, avant de donné à son tour son nom et sa profession...