Un nouveau départ [Pv]

Un nouveau départ
Privé

Le soleil venait à peine d’apparaître à l’horizon que des hennissements impatients s’élevaient déjà dans l’écurie. Des chevaux passaient la tête par-dessus les portes des boxes, ils s’agitaient, attendant la ration du matin. Des palefreniers marchaient en tout sens pour distribuer les rations, le foin, brosser les montures… Dans un box au fond de l’allée, un cheval dormait étendu de tout son long dans la paille. Il était bai foncé et plutôt petit. Ainsi endormi, on aurait dit un gros poney. Bientôt, il ouvrit un œil malade, des bruits de pas approchant de son box. Une silhouette se découpa et un homme entra avec un licol en cuir et une malle chargée de diverses brosses et protections.

« Allez, on se lève, c’est l’heure mon bonhomme. »

Evidemment Morning Symphony ne bougea que très lentement, dépliant ses membres les uns après les autres. Ensuite il s’étira et s’ébroua avant de se tourner vers l’humain pour voir si ce dernier n’avait pas une friandise cachée dans sa poche. Le palefrenier sortit de sa malle une brosse et après avoir enlevé la couverture bordeaux recouvrant le cheval, il se mit à le bouchonner énergiquement. D’abord avec le bouchon puis la brosse douce, le cure-pied et la brosse à crins. Le bai ne bougea pas, il appréciait ces moments de détente et somnola un peu en attendant.
Plus tard, lorsque que Morning fut totalement propre, on lui mit des bandes, une polaire bordeaux, un protège queue et son licol pour le transport. Ensuite Morning Symphony put monter dans un grand camion aux couleurs de l’écurie. Le voyage promettait d’être long. Il y avait un bout de chemin à faire de l’Allemagne à la France. Mais l’entier n’était pas agité et arracha des brins de son filet à foin pendant tout le voyage, s’arrêtant parfois pour somnoler. Le soir, un centre équestre accueillit le cheval fourbu pour la nuit. Le bai s’allongea et dormit paisiblement.
Le lendemain, le camion repartit. Morning Symphony demeura paisible pendant tout le trajet et lorsque le camion s’engagea sur le chemin menant au Haras du Clos, il somnolait encore. Le pont s’ouvrit bientôt et l’entier bai leva la tête, curieux. Puis son regard redevint terne et un palefrenier s’approcha pour le détacher. Morning suivit docilement l’homme mais s’arrêta en haut de la rampe. Immobile, il fixa les lieux éclairés par le soleil couchant un moment puis daigna descendre la rampe avant de s’arrêter en bas. Il était dans une cour entourée de bâtiments d’un côté et de paddocks de l’autre. Morning Symphony s’arrêta et bailla. Un passant s’arrêta un instant, et observa le cheval d’un œil critique.

"Qui est-ce ?

-C’est Morning Symphony, répondit le lad.

-Connais pas. C’est un nouveau. Ce sera quoi ? Il est pas très grand dites-donc.

-Non, il n’est pas très grand."

Le lad haussa les épaules et regarda l’homme s’éloigner. Il ne connaissait pas vraiment le cheval lui non plus, à part son dossier, et ne voyait pas trop cette monture sauter des barres d’un mètre cinquante. Mais il ne dit rien et tapota l’encolure de l’équidé. Etait-ce vraiment un entier ? Rien dans son comportement n’aurait pu le prouver. Il y avait parfois des cas étranges chez les chevaux, quoique celui-ci ne fût pas si bizarre que ça, juste… désarmant. Comme pour appuyer les réflexions du jeune lad, Morning Symphony bailla à nouveau puis baissa un peu la tête, nullement impressionné par son nouvel environnement.
« Encore plus mou que d’habitude, hein ? » remarqua le jeune homme.
Son regard dédaigneux se posa sur les yeux sombres du BWP qui ne reflétait qu’ une indifférence et une paresse inquiétante. Un grand cheval noir passa à côté d’eux, revenant de l’entraînement, et les badauds s’étant jusque là massés vers le nouveau pensionnaire suivirent l’étalon et sa cavalière se dirigeant vers l’écurie. Morning Symphony tourna la tête, agita la queue et fixa d’un regard pénétrant le cheval qui s’éloignait. La prochaine fois ce serait lui qu’on regarderait, pas l’inverse.
Le jeune employé, ne sachant que faire, décida de faire marcher l’entier en attendant. Celui-ci le suivit d’un pas lourd autour de la cour, n’écoutant pas les bruits de pas qui venaient dans leur direction.