Retour à la maison.

8h . Les portes du hangar s'ouvrirent, les chevaux commençaient à taper dans les portes des immenses boxs en bois. Deux personnes, d'age moyen, firent leurs entrées l'un après l'autre dans l'écurie, préparant les différentes rations. Mais il fallait se dépêcher, aujourd'hui, s'était le départ d'un des chevaux. 6h de route, et beaucoup de choses a faire ...

1o minutes après avoir engloutit sa ration, l'entier voulait sortir. Il ne savait pas , lui, qu'aujourd'hui il devait partir, qu'il quittait à nouveau une écurie où il s'était fait une place. Caroll, la brune de 38 ans ouvrit la porte coulissante d'As de Coeur, lui offrit une douce caresse avant de lui enfiler un licol en cuir où était inscrit son nom. Cool, enfin le bai allait pouvoir se dégourdir les jambes ! Mais non, puisqu'à peine sortit de sa boite, il fut attacher au van 2 place stoppé devant le hangar. Bandes de transport, foin, et finalement, il fut monter dans le camion, difficilement.

Pourquoi devait-il partir tout seul ? Il n'allait pas en concours sa c'est sûr, sinon son compagnon Twist serait avec lui ! Et puis Caroll avait l'air pressée .. D'ailleurs, elle ne mit pas longtemps avant d'aller chercher un seau de granulé, car oui, As' est un cheval gourmand, et rien n'arrête la gourmandise, même pas un camion !
L'entier mangea son foin en une petite demi-heure, puis il s'énerva. Le voyage était déjà trop long pour lui !

14h3o, arrivé à destination ! Le pont du vent s'abaissa, la barre de queue fut enlevé et le 6 ans sortit de sa boite roulante. Bien évidemment, en sortant, il fit son grognon, et tenta de mordre le bras de Caroll qui le réprimanda d'une petite tape sur le museau. Pas content, l'équidé ronfla fortement, tapa du pied lança un fort hennissement. Cet endroit il le connaissait, car si il y avait bien une chose qu'il n'avait pas oublier à sa naissance, s'était le cerveau ..

Serge, le bipède, quitta le par-botte pour tenter une approche de l'entier. Le voyant tendre la vers lui, Assinou s'arrêta net. Ce geste il le connaissait . Quand ces anciens propriétaires voulaient le rentrer, ou le monter, ils tendaient la main aussi. Mais intrigué par cet homme qu'il semblait avoir toujours connu, l'entier s'avança encore de quelques pas, assez pour tendre son encolure ainsi que sa tête et sentir la main du directeur. Ces doux naseaux effleurèrent la paume de Serge, et l'holstein eu comme un flash-back. Il recula d'un coup, et dans sa tête , si l'on caricature légèrement, les souvenirs défilèrent.

Naissance .. S'était bien dans ce haras. Et se manège .. Oui ! il le connaissait ! Ces premières sortis sans sa mère s'étaient passés ici, avec cet homme. Et s'était ce même homme qui s'était occupé depuis le début du poulain. Et c'est aussi cet homme auquel As de Coeur du Clos s'était tant attaché. Après ce rapide " flash-back " , le cheval hennit encore, doucement, puis se rapprocha de plus près.

Son museau se posa carrément sur la main de Serge, et sa langue gluante caressa la paume. Puis, As' poussa l'homme d'un coup de tête, puis recula vivement, pour trotter gaiement autour de lui, queue en panache, tête tournée vers son fidèle ami. Au final, le cheval était heureux d'être à nouveau "chez lui".

Après quelques secondes de joies, la bête s'arrêta de nouveau , se leva et retourna vers Serge, le poussant encore du museau ! Qu'allait t'il faire maintenant qu'il était dans sa vrai maison ? Assinou voulait montrer quel puissance il avait acquit maintenant, après 3 ans d’absence, et puis Serge allait pouvoir réaliser qu'il avait mis au monde, et créer un petit champion.

L'homme semblait lui aussi heureux, comme le petit cheval. Et Assinou le savait, du moins, il le ressentait. Car tout le monde sait qu'un animal, n'importe lequel, ressent la moindre émotion, de la peur à la joie, de la violence à la douceur, de la catastrophe au meilleur des mondes. Et là oui, le bai ressentait en Serge une émotion favorable, de la joie, surement content d'avoir retrouvé son premier poulain, celui qui avait été la mascotte du haras pendant quelques temps, celui qui avait commencer à faire connaitre l'élevage. Car As de Coeur du Clos s'était fait repéré sur certains terrains de concours, et les éventuels acheteurs n'avaient pas oubliés de regarder la provenance du cheval : le Haras du Clos.

Serge eut des paroles à l'égard de l'holstein, et bien que celui-ci ne comprenait rien, il savait encore que s'était affectif. Surement pour retourner dans sa boite. Mais non, le bipède s'éloigna , et retourna vers s'appuyer au par-botte, se qui eu le don d'intriguer l'entier. Décider à ne plus lâcher son ami, As de Coeur, le suivit d'abord, puis ne voyant aucune réaction de la part de l'homme, l'entier ronfla des naseaux, se cabra lançant un hennissement qui perça le silence de cette journée.

L'entier prit le trot, tête basse, mécontent de ne pas avoir plus d'affection. Et oui, avec lui c'est soit une affection complète ou soit rien du tout.
Reniflant le sol envoyant quelques grains de sables sur les cotés, Assinou repassa au pas avant de tourner sur lui même. Finalement, il plia les antérieurs, puis les postérieurs, et se roula . Il resta quelques temps au sol après avoir fini son " brossage ", afin de se gratter l'antérieur gauche du bout du museau. Puis, le bai se releva, secouant tout son corps pour évacuer le sable restant. Le cheval n'avait aucune raison de se défouler pour le moment, ces pattes s'étaient dégourdis & il ne savait que faire. Seulement, autant faire le con que de rien faire du tout ! D'un coup, d'une force incroyable le petit cheval s'élança , enchaînant saut de moutons sur sauts de moutons.

Après 1o bonnes minutes , la robe du beau bai commençait à tremper malgré le froid, et son souffle était rapide. De lui même il s'arrêta et marcha à travers le manège, ne quittant pas des yeux son ami.

Tandis qu'il marchait toujours, le bai était à l’affût du moindre bruit provenant du bipède. Et se ne fût pas long. Serge ne bougea pas cependant mais fit tinter le licol du mâle. L'idée de jouer passa par la tête du cheval, mais a gourmandise prenait le dessus, et si Serge le rentrait, une dose de foin et peut-être même de granulés l'attendait.

As de Coeur s'approcha du bipède, en toute confiance. Une fois à son niveau, il prit le temps de tendre son antérieur gauche et de se gratter la tête. Puis il se remit en position, regardant l'humain d'un air bêta. Sa langue parcourait le bout de son museau , puis il montra ces dents d'un bâillement prononcé. Sa respiration s'était peu à peu calmée, et Assinou tenta d'attraper le licol.

En même temps, des souvenirs plus précis refirent surface. Cette tentative d'attraper le licol pour jouer, l'holstein l'avait déjà fait, plus jeune, avec ce même homme. Il avait passé 3 belles années ici, à jouer, mais aussi à travailler. Et ce qu'il appréciait, s'était que cet humain, Serge, ne pensait pas qu'au travail, bien qu'un champion, sa se préserve. Parfois, comme aujourd'hui, il laissait les chevaux se défouler en toute liberté, il jouait même parfois avec eux. S'était une agréable sensation, que le poulain n'avait pas connu après sa vente. Il faut dire qu'être enfermé au box toute la journée, sortit juste pour le travail, se n'était pas marrant. Bien sûr, la bête musclée avait vécu quelques mois au pré, chez le marchant, mais il avait perdu de la forme. Et chez sa dernière propriétaire, il s'y sentait bien, mais rien ne vaut le HDC, sa maison, là où Assinou se sentait le mieux.

Après ces petits souvenirs, l'entier poussa Serge du bout du museau. S'était bon, il pouvait lui mettre le licol, As de Coeur était prêt à rentrer.

Non, l'entier n'avait pas changé, s'était le même, en plus grand et plus imposant, en plus beau qu'avant. Serge posa donc la brosse, au plus grand contentement d'As de Coeur. S'il avait put sourire, il l'aurait fait, n'en douté pas. Son ami revint vers lui, et tenta une approche , par la main cette fois. D'abord Assinou releva la tête, mais il sentit la main de Serge, et finit par se laisser faire.

Serge attrapa le cure pieds, et s'appuya contre l'épaule de l'Holstein, qui ne céda pas tout de suite. Jouer comme il était, sa seule intention était de taquiner son cavalier, car les pieds, Assinou avait été habitué à les donner dès son plus jeune âge. Ainsi, le bai fit le même cirque pour les trois autres sabots à curer. Parfois il s'appuyait complètement sur Serge, parfois il bougeait sa jambe pour reposer le pied, mais en toute gentillesse.

Une fois le pansage terminé, As' s'impatientait. Que faire maintenant ? Manger ? Son ventre criait famine. Mais seul lui le savait. Il tourna la tête afin de regarder Serge, puis se remit face à la barre qui le tenait attaché. Sans aucune hésitation, le bai planta les dents dans le morceau de bois, pour les retirer quelques secondes plus tard. Un mauvais gout dans la bouche, certes, mais il ne savait pas quoi faire. Sa aurait été quelqu'un d'autre que son ami , l'équidé aurait fait l'imbécile, mais Serge ne le connaissait que trop bien.