▬ Only for me ; Libre

Le train-train habituel. Ruffian n'était arrivé que depuis quelques jours au Haras, pourtant il s'était parfaitement habitué à l'ambiance qui y régnait. Ce matin-là, comme tous les matins, il se jeta sur sa ration qu'il termina en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Puis il passa la tête par-dessus la porte du box et salua ses compagnons d'écurie d'un hennissement énergique. Peu après, un palefrenier arriva devant son box ; la boucle du licol tinta légèrement quand il l'enleva du crochet sur lequel il était posé. L'homme rentra dans le box du hongre gris en lui parlant doucement, puis il passa le licol au gris d'un geste vif avant de lui donner une tape amicale sur l'encolure pour le féliciter. Ruffian ronfla des naseaux et le suivit tranquillement jusqu'au pré, où il fut lâché en liberté. « File, bonhomme ! » s'exclama-t-il en lui donnant une claque sur la croupe. Le gris trottina et, dès que l'homme fut hors de portée de façon à ce qu'il ne puisse pas le blesser avec ses sabots, il se mit à galoper, alternant ruades et sauts de mouton. Il s'arrêta au bout d'une dizaine de minutes ; nullement essoufflé, car il avait hérité d'une excellente endurance, mais parce qu'il en avait assez de gambader ainsi. Il jeta son dévolu sur un carré d'herbe fraiche et se mit à brouter, inspectant tranquillement les environs du regard.

La belle jument se reveilla tranquillement et regarda autour d'elle. Exeptionnellement depuis uen semaine, elle dormait dans son box. D'ahbitude, les palefreniers la faisaient passer la nuit au pré, car elle était plus calme quand ils arrivaient pour lui donner la ration. D'ailleurs, ils ont eu beaucoup de mal à la faire rentrer dans son box, et ils ont dû s'allier à trois pour y arriver.
Sierra Nevada se releva péniblement. Elle préférait largement le sol de son pré... Une fois debout, la jument s'avança vers la porte, après avoir regardé dans sa mangeoire, et hennit brusquement. Quand est-ce que ses granulés allaient arriver ? Commble de la malchance, la jument était la dernière de la rangée de boxs. Quand le bonhomme arriva à sa hauteur, la baie fit un bond en avant et menaça de ses dents le palefrenier. Il la regarda, incrédule, et lui donna uen tape sur les naseaux. Sierra renacla et recula de quelques pas. Peu de temps après, ses deux doses de granulés étaient dans sa mangeoire. Nevava eut tout juste le temps de terminer quand le palefrenier revint, son licol en cuir noir en main.

* Ah quand même ! C'est pas trop tôt le pré ! *

Miraculeusement, la jument laissa gentilment l'homme boucler son licol et la sortir du box. Puis il se mit à lui parler :

- Vu comment tu as tenté de me mordre tout à l'heure, tu avs attendre gentilment que j'ai fais ton box avant de rejoindre ton pré. Ça t'apprendra à faire des manières !

Et la belle fut attachée à un anneau devant son box. Elle commençait à bouillir de colère. Quand est-ce qu'enfin elle irait dans son pré ???? Elle tapa plusieurs fois du pied tout en regardant l'homme et en tentant de le mordre dès que possible. Bientôt, il disparut avec la "brouette" et revint sans rien. Sierra Nevada le fixa sauvagement et réussi à lui faire une belle trace rouge et bleue sur le bras du palefrenier. La jument trottina tandis qu'elle se dirigeait vers le pré qu'elle adorait. Son pré depuis toujours. L'homme brun la freina brusquement et lui dit :

- Ton pré est prit par un autre cheval, un nouveau, arrivé il y a une semaine. Tu le retrouvera d'ici quelques jours. Là, celui que tu... Aïe ! Sale bête !

Sierra se reprit une claque sur les naseaux. Elle se cabra, cassa sa longe. L'homme tomba. Elle galopa vers son pré. Une fois la barrière sautée, elle continua droit sur l'inconnu et dévia au tout dernier moment. Un étalon. Elle s'alança à l'autre bout du pré et se colla contre la barrière. Heureusement, elle n'était pas en chaleur. Le palefrenier accourut, et, au bout d'un bon quart d'heure à poursuivre la jument, il abandonna, comme lui dicta un habitué aux caprices de Nevada. Elle ne pourrait pas faire de mal à un étalon, de toute façon. Il la remmettrait rapidement à sa place. Une fois tranquille, la jument se mit à brouter sous son chataînier préféré, attrapant de temps en temps une ou deux chataîgnes. Mais elle fixait continuellement l'étalon, plus ennervée que jamais. Pour qui il se prenait, de lui piquer son pré comme ça ? Heureusment qu'il n'était sous son chataînier, sinon.... Bah sinon rien, mais quand même.

Ruffian s'aperçut alors de la présence d'une jument. L'homme qui la tenait la freina en voyant le gris, puis se mit à lui parler. Peine perdue : la grise se cabra, cassa sa longe et, d'un bond habile, franchit la barrière du pré. Le palefrenier renonça bien vite à la rattraper : après tout, qu'y avait-il comme risques ? Après tout, Ruffian était un hongre, et en plus il était connu pour ses bonnes manières. Constatant que la jument n'était pas disposée à se faire aborder, il se détourna et alla au pas jusqu'au chataînier qui se trouvait au milieu de la pâture, puis se mit à brouter, jetant de temps à autres des coups d'œil à la dérobée à la jument. Puis il ronfla des naseaux et décida de tenter une approche : il releva la tête et trottina jusqu'à elle. Excellent cheval de dressage, il le prouva encore une fois en exécutant une habile révérence. « Salutations, Sierra Nevada. » souffla-t-il simplement. Il connaissait le nom de la jument car elle occupait le box juste à droite du sien. La fixant de ses yeux d'ébène, il souffla doucement.

Sierra regarda le mâle sauvagement. Ruffian. Elle ne le connaissait que très peu, vu qu'ils ne se voyaient que le soir. Mais elle ne l'apréciait pas. Il lui avait piqué son pré, et faisait passer à Nevada ses journées au box. Quand il arriva, la jument l'accueillit en plaquant ses belles oreilles contre sa nuque et en lui présentant sa croupe. Puis, dos à lui, la baie se mit à brouter, l'ignorant royalement. Elle se méfiait des mâles. On ne sait jamais ce qui se passe dans leur tête. Et puis les hongres, elle ne connaissait pas ! Mais qu'est-ce aurait bien aimé l'envoyer balader.... Ou au moins le "piquer". Alors, malgré tout, elle lui fit :

- Bonjour, très cher Ruffian. Alors, mon pré te plais bien ? J'éspère que tes journées en liberté dans mon pré te sont agréables.

La jument attendit patiement la réponse du gris et enchaîna, comme si de rien n'était :

- Maintenant, excuse moi, j'aimerais pouvoir enfin me dégourdir les jambes, si tu permets.

Et Sierra Nevada leva fièrement la tête, puis s'éloigna au grand trot le long de la clôture, queue en panache, tête redressée, allures plus que relevée.

Sierra Nevada d'Isle. Dans toute sa splendeur, on dirait. Sertie d'un tout à fait foutu caractère. Et apparemment, elle n'était pas dans son meilleur jour. Ruffian plaqua les oreilles contre son crâne quand elle lui montra sa croupe et se raidit, tous ses muscles tendus à craquer, prêt à esquiver une ruade si elle décidait de lui en envoyer une. Mais non. Apparemment, elle préférait l'embêter. Alors comme ça, elle s'imaginait être dans son pré ? Elle se prenait pour qui, celle-là ! C'était le pré de tout le monde, non mais ! Ruffian fouetta l'air de la queue et ronfla des naseaux. « Eh bien, Sierra Nevada, puisque je suis dans ton pré, pourquoi rester là comme deux ronds de flanc parce que les palefreniers sont assez idiots pour m'y mettre au lieu de réagir ? Ça ne me dérange pas de changer de pré. Fallait juste le dire. » rétorqua-t-il. Ça, c'était tout lui : toujours prêt à faire passer les autres avant lui-même. Ignorant la réplique de la jument, il banda ses muscles et se prépara à sauter la barrière séparant ce pré du voisin ; au moment où il allait prendre son envol, il remarqua qu'il était occupé par un étalon à l'air féroce aux yeux verrons qui le regardait en ronflant des naseaux. Pilant net, Ruffian se redressa et le toisa simplement.

[ Ma Booouuum ♥ =) ]

Sierra se retourna vivement malgré tout à la parole du mâle. Etait-il étrange celui-là ! Elle s'arrêta doucement et le regarda s'éloigner, le visage vide d'expression. Elle savait qu'un étalon hargneux se trouvait dans l'autre enclos, mais elle savait aussi qu'il ne pouvait pas sauter, dû à un problème au postérieur, et donc qu'elle était en sécurité. Par contre, si c'était Ruffian qui sautait... Cet étalon arrivait très bien à galoper.... Et Ruffian aurait une bonne raclée. Sierra Nevada regarda l'hongre gris galoper vers la barrière, prendre son élan et... Oh non ! Il aurait pas pû attendre, c'tétalon ? Sierra renacla, dégoutée. Elle lança un regard noir au puissant mâle de l'autre enclos puis à Ruffian.

* Je ne reconnais pas Flamenco. Pourquoi il ne l'a pas laisser entrer ? *

Sierra s'aprocha tranquillement, le plus loin possible de Ruffian et regarda à l'intérieur de l'enclos de Flamenco. D'abbord, son regard s'arrêta sur une belle jument grise. Une jument grise qui avait huit jambes. dont quatre toutes fines. En regardant plus attentivement, elle apperçut un magnifique poulain noir.

* Ah ben d'accord ! *

Déçue, Sierra Nevada fit demi-tour et revint sous son chataîgner préféré. Il n'y avait que l'enclos de Flamenco qui se trouvait près du leur. Donc Ruffian devrait rester ici. La jument le fussilla du regard et ouvrit une bogue. Elle mangea les chataîgnes qui se trouvaient à l'intérieur sauvagement.

Ruffian, très digne, leva la tête pour toiser l'autre étalon, ne se tournant même pas à l'approche de Sierra. Il lui semblait que l'autre lui était familier, à son air sauvage et à l'étincelle de défi qui brillait dans ses yeux. Dans son enclos de trouvait aussi une jument grise, accompagnée d'un magnifique poulain noir. L'œil brun du voisin étincelait d'une lueur féroce. Quand Ruffian s'approcha de la barrière, l'étalon se précipita vers lui et passa la tête par-dessus. Ses dents laissèrent leur marque sur l'encolure du gris pommelé, qui n'avait pas eu assez de prestance pour éviter l'attaque. Le sang de la blessure coulait abondamment. Un palefrenier, passant au loin, les aperçut, et se précipita dans le pré pour rattraper Ruffian. Loupé ! Il longea la barrière et l'étalon passa à l'assaut. Quel débile, aussi ! Apeuré - celui-là, il connaissait pas grand chose au métier ! - il repartit sans prêter attention à Ruffian, qui s'écarta prudemment de la barrière et se mit à brouter, gardant un œil sur Sierra Nevada d'Isle. Parce qu'on ne sait jamais ...

Sierra sourit à Flamenco, ravie du coup de dents que cet étalon avait donné au voleur de prés. Sierra Nevada revela la tête, une lueur malicieuse dans les yeux. Si Ruffian ne ripostait pas, c'est qu'il était comme ces étalons étranges qui ne sont pas du tout dominants, faiblards et peureux ! La jument, qui elle était dominante, arriva au grand trot, dents à découvert. Une fois près du pommelé, elle referma à son tour ses dents sur lui, prête à tout désormais pour le chasser de son pré. Une fois ce coup de dents donné, la belle fit volte-face et donna trois ou quatre coups de culs dans les flancs du mâle, espérant ainsi décourager Ruffian de rester. Le palefrenier, lui, qui avait vu toute la scène, accourut de nouveau, suivi de deux autres hommes. Satisfaite, la jument s'écarta et les regarda entrer dans le pré. Mais à son grand étonnement, les deux inconnus l'entourèrent, et la coincèrent dans l'angle de son pré. Son palefrenier approcha, la longe dans la main.

* Ooooh qu'il ne rêve pas trop celui-là ! *

Sierra se cabra plusieurs fois, toucha le palefrenier à l'épaule, puis s'échapa de derrière lui pour repartir près de son chataîgner préféré. Son regard croisa celui de Ruffian. La haine s'empara de la jument, qui, sans réfléchir, s'élança au galop, ignorant complètement les bipèdes. Son objectif était de percuter Ruffian de plein fouet, à ses risques et périls.

[ Désolée du retard, je n'avais pas d'inspi :oops: ]

Sierra Nevada s'approcha de Ruffian au trot, une étincelle de méchanceté dans les yeux. Pourquoi tant de haine dans ce monde ? Le gris ne demandait rien à personne, et il s'était fait éjecter dans un pré avec une jument infâme et un étalon débile. La jument lui attrapa l'épaule. Stop ! C'était assez ! Le gris, qui malgré son apparence était pourvu d'une force hors du commun, lui chiqua la croupe et lui envoya ses postérieurs dans le poitrail avec un hennissement sauvage. Il lui fit face, rageur. Pas de doute, s'ils continuaient à se battre, il y aurait un ex-æquo ... Qui aboutirait peut-être jusqu'à leur mort, même si cela paraissait improbable, car ils ne lâcheraient pas le morceau. Des palefreniers accoururent et encerclèrent la jument, prenant des risques pour la faire sortir du pré. Peine perdue ! Sierra Nevada se libéra, en bousculant un qui tomba à terre et se releva en jurant après la jument. La baie galopait à toute allure, fonçant droit sur le gris qui se cabra et, évitant le choc, partit au galop en lançant des ruades en direction de la jument pour la dissuader de le suivre. C'était la guerre .... Et pas de quartiers !

[ Ma boum tu m'a manquée ♥♥♥ :D ]

Sierra se fit courser par Ruffian, mais n'en fut pas dérangée pour autant. Elle était très endurante, et le galop était son allure préférée. Elle fit des écarts de droite à gauche pour éviter les sabots du grand hongre. Puis, brusquement, la jument pila, fit volte-face et se décala en un rien de temps sur le côté. Ainsi, emporté dans son élan, Ruffian la dépasserait, et là...
La jument sourit, satisfaite de son plan. Même si Ruffian la dépassait de quelques centimètres, son plan marcherait. Au moment venu, la belle se cabra, visa la croupe de l'étalon et se laissa retomber de toutes ses forces. Ses oreilles étaient plaquées contre sa nuque, de l'écume sortait de sa bouche.

- Crois moi tu ne t'en sortiras pas comme ça !

Les humains entourèrent le duo et tentèrent de les séparer par des cris, en vain. Celui qui était tombé avait disparu, mais les autres étaient tous là, peut-être même plus nombreux. Quelques enfants regardaient la bataille, façinés. Innocents, il ne se rendaient pas compte du danger. A chaque coups que les deux chevaux donnaient, les petits hurlaient et tapaient des mains.
Bientôt, une dame arriva, leur parla et pris leur bras dans chaques mains. La petite troupe fit demi-tour et disparu à son tour. Cette scène, Sierra ne l'avait pas vue. Ses yeux fous fixaient le mâle, et rien que le mâle. Ce n'était plus de la rage contre un voleur de pré qu'elle avait, c'était la rage de vaincre, de survivre. Survivre, car si les humains n'intervenaient pas ou si Ruffian n'abandonnait pas, ce serait un combat à mort. Du sang mélangé à la sueur coulait tout le long de son corps, plus fonçé que d'habitude. La jument enchaînait les morsures et les coups de sabots, sans jamais s'arrêter. Bientôt, en plus des coups de Ruffian, elle sentit une lanière lui frapper la croupe. Les bipèdes n'avaient ps trouvé d'autres moyens d'arrêter le combat que par la chambrière, en la faisant claquer sur la croupe des deux chevaux. La jument était épuisée, mais continuait, ne sentant plus la douleur.
Comment cette bataille allait terminer ? Quand ? Mistère.... En tout cas, la dizaine de bipèdes gigotait dans tous les sens, hurlaient, se donnaient des ordres qu'ils n'exécutaient pas, enfin bref, s'affolait.

Lancé au grand galop, Ruffian sentit que la jument préparait un mauvais coup. Il avait une sorte d'intuition pour ce genre de choses, mais cette fois-là ça ne lui servit pas. Emporté par son élan, il la dépassa. La jument se cabra et se laissa retomber de toutes ses forces sur la croupe du gris. L'arrière-main du hongre s'affaissa, il trébucha et tomba. En moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire, le gris pommellé était debout, faisant face à Sierra Nevada, des étincelles de fureur dans les yeux. Un flot de sang coulait de sa joue ; Un peu plus et elle lui aurait touché l'oeil. Pas mauvaise combattante, cette jument, il fallait s'en méfier et Ruffian le savait. Elle repartit à l'assaut, frappant toujours plus fort, ouvrant des plaies béantes dans le corps du hongre qui se défendait à corps et âme, parant les coups, les rendant dès qu'il voyait une brèche, emporté par la rage. Dans un combat, la seule chose qui compte et de garder la tête froide, pour exploiter toutes les possibilités d'attaque. Cette capacité, Ruffian l'avait, mais cette injustice que lui faisait subir la jument l'avait mis hors de lui. Redoublant de force, il frappait, des antérieurs et des postérieurs. Soudain, une chambrière cingla la croupe du gris qui poussa un hennissement de rage, continuant à se battre malgré tout. Puis il se passa quelque chose d'incompréhensible.
Le gris sentit une vive douleur à un de ses postérieurs et se reposa sur ses quatre membres, chancelant. La brise glaciale qui soufflait sur le pré le faisait frissonner. Il repartit à l'assaut, se cabrant de toute sa hauteur, mais son postérieur droit se déroba sous lui : une blessure ancienne, qui datait de l'époque où il avait du arrêter sa carrière de compétition, s'était rouverte. Nom d'un chien ! Le gris pommelé savait qu'il faudrait des mois pour soigner cette blessure. S'il n'était pas mort avant ... Il ferma les yeux, n'osant même pas regarder la jument. Qu'allait-elle lui faire encore subir ? Il était sans défense, maintenant.